ART ET NEUROSCIENCES : NOUVEAUX TERRAINS D’EXPÉRIMENTATIONS

 

Si la fascination des artistes pour notre cerveau n’est en soi pas nouvelle – l’analyse de la manière dont nous pensons, rêvons et agissons a toujours été une source d’inspiration féconde, le progrès des technologies médicales, les nouvelles connaissances scientifiques, la démocratisation des interfaces neuronales et la puissance de calcul des ordinateurs ouvrent aujourd’hui des terrains d’expérimentations inédits pour les artistes.

Que ce soit grâce à des dispositifs d’interaction qui donnent accès à l’activité de notre cerveau ou via l’exploration des méandres de mieux en mieux connus de notre boîte crânienne, les croisements entre arts et neurosciences se développent et laissent entrevoir de nouvelles créations communes.

Cet événement, organisé avec l’artiste Justine Emard, proposera un tour d’horizon de différents axes de collaborations entre artistes et neuroscientifiques à travers les regards croisés d’acteur·rices engagé·es dans ce type de démarche.

Il est articulé autour de deux axes thématiques, chacun composé de trois courtes conférences et d’une table ronde et proposant les témoignages croisés d’artistes, de designers et de scientifiques.

https://www.stereolux.org/agenda/art-et-neurosciences-nouveaux-terrains-d-experimentations

Dans le cadre de la semaine du cerveau 2023

Bâtiment B, 14H00 – 17H30, Organisateur : Labo Arts&Tech, Stereolux, Nantes


     


PROGRAMME

14H – ACCUEIL ET INTRODUCTION

14H15 – THÈME N°1 : INTERFACES CERVEAU-MACHINE

La démocratisation et le développement des interfaces cerveau-machine (notamment celles appelées EEG – ÉlectroEncéphaloGraphie), qui mesurent l’activité électrique du cerveau, permettent aujourd’hui aux aux artistes, développeurs et designers d’envisager de nouvelles manières de penser nos interactions avec les technologies numériques. Ce premier axe thématique sera l’occasion d’aborder les questions que ces interfaces soulèvent, aussi bien au niveau de la recherche scientifique qu’au niveau des liens entre biologie et technologie, ainsi que la manière de penser plus largement les interfaces humain-machine et la façon dont les artistes se les approprient.

14H15 – CONFÉRENCE #1 : BASTIEN DIDIER, DESIGNER ET FONDATEUR ET PRÉSIDENT DE MENTALISTA

Enter the world wide brain

Et si nous utilisions le cerveau pour contrôler l’environnement qui nous entoure ? Notre cerveau pourrait-il devenir un nouveau mode d’interaction entre l’homme et les objets connectés ? Au cours de cette conférence, nous discuterons du World Wide Brain, un concept sur la connexion biologique des humains dans un réseau mondial décentralisé. Dans ce réseau, chacun est connecté par son cerveau et peut contrôler des objets capables de comprendre ce qui se passe dans notre tête.

14H30 – CONFÉRENCE #2 : ANTHONY MASURE, PROFESSEUR ASSOCIÉ ET RESPONSABLE DE LA RECHERCHE À LA HEAD – GENÈVE (HES-SO), COFONDATEUR DU  STUDIO HINT3RLAND

Vers une informatique invisible : l’art et le design face aux neurosciences 

Les interfaces « neuronales », qui fonctionnent en visualisant l’activité des neurones, s’inscrivent dans le paradigme de « l’informatique ubiquitaire », développé par Mark Weiser (1988), et qui prône la réduction des médiations entre l’humain et la machine au profit de leur intégration dans le quotidien. Pour les champs de l’art et du design, ces technologies rejouent l’idée romantique du « génie », qui « créé » dans l’instant, sans barrière avec le contact avec la matière – une idée au cœur des fantasmes de l’apprentissage automatique (deep learning) et de ses générateurs en tout genre. Il s’agit alors de savoir ce que peuvent faire l’art et le design en contexte de technoscience afin que les programmes des interfaces neuronales, encore en émergence, ne se limitent pas à des dispositifs prescriptifs.

14H45 – CONFÉRENCE #3 : CAMILLE JEUNET, CHARGÉE DE RECHERCHE – CNRS

15H – TABLE RONDE

Cette table ronde proposera aux trois intervenant·es des conférences précédentes de revenir sur leurs interventions et d’explorer ensemble les enjeux artistiques, conceptuels et scientifiques soulevés par les interfaces cerveau-machine.

Table ronde animée par Clément Thibault, directeur des arts visuels et numériques au Cube Garges et critique d’art

15H45 – PAUSE

16H – THÈME N°2 : ÉTATS DE CONSCIENCE MODIFIÉS

Notre conscience traverse naturellement différents états, de manière souvent naturelle – en passant de l’éveil au sommeil par exemple, mais parfois de manière plus artificielle (hypnose), voire accidentelle. En explorant et interrogeant ces états de conscience modifiés, artistes et scientifiques permettent d’éclairer les subtilités du fonctionnement de notre cerveau et de mieux appréhender la réalité de notre conscience. Ce second axe thématique proposera ainsi un retour sur différentes approches artistiques et scientifiques visant à explorer et créer à partir des méandres de notre – ou de nos – conscience(s).

16H – CONFÉRENCE #1 : JUSTINE EMARD, ARTISTE

Du rêve à la neurosynchronie

Depuis plusieurs années, le travail de Justine Emard sonde les profondeurs de la plasticité des cerveaux humains et non-humains.

Interactions neuronales, réseaux de neurones artificiels, enregistrements du sommeil et expérience dans l’espace composent la base de la création de ses œuvres. Les visiteurs·euses deviennent passagers de ses installations, parfois au cœur de l’expérience (Neurosynchronia, Live Dream).

De la conscience à l’inconscient, de l’accessible à l’inaccessible, différents stades s’entremêlent dans sa pratique. À partir d’enregistrements encéphalographiques de son propre cerveau, Justine Emard a inventé un protocole de création pour ses Dreamprints, des impressions de rêves. Lors de sa résidence au Cnes en 2022, elle crée un répertoire de vingt-trois rêves de l’espace qu’elle interprète sous forme de sculptures en impression 3D (Hyperphantasia, des origines de l’image).

Lors de cette intervention, elle reviendra sur la création de ses installations en lien avec le monde des neurosciences, sur le champ des possibles que ces collaborations ouvrent mais aussi leurs limites tangibles.

16H15 – CONFÉRENCE #2 : RACHEL DEBS, NEUROLOGUE

16H30 – CONFÉRENCE #3 : CLAIRE WILLIAMS, ARTISTE

Sa dernière installation «Les Télépathes» prend comme terrain d’exploration nos états hypnotiques ou comateux qui nous emmènent dans des endroits à la fois profondément enfouis dans nos corps et dans des espaces temps étirés et vaporeux. En imaginant une noosphère constituée de notre matière psychique et d’ondes électromagnétiques, cette recherche tente de faire émerger l’idée d’une sorte de consciences collective guidée par les récits et l’activité neuronale de personnes dans des états de comas profonds.

Comment rapporter, questionner, articuler et matérialiser ces états à travers l’art et les sciences? Comment ces explorations individuelles et collectives questionnent la réalité ordinaire et nous offrent la possibilité de construire des outils cognitifs pour leur donner une consistance, les nourrir et leur faire de la place dans une culture occidentale visuelle ultra saturée ?

16H45 – TABLE RONDE

Cette table ronde proposera aux trois intervenant·es des conférences précédentes de revenir sur leurs interventions et d’explorer ensemble les enjeux artistiques, conceptuels et scientifiques soulevés par la modification de nos états de conscience.

Table ronde animée par Maxence Grugier, journaliste, auteur, accompagnant d’artistes et commissaire d’exposition art et cultures numériques.

Photographies : Théo Rossier


 

Neurosynchronia, Vue d’exposition « IMAGE 3.0» avec le Jeu de Paume & le Cnap Le Cellier, Reims

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