20 artistes qui veulent changer le monde

PAR LA RÉDACTION DE L’ŒIL LE 23 NOVEMBRE 2021
Cet article a été publié dans L’ŒIL n°749 du 1 décembre 2021, avec le titre suivant : 20 artistes qui veulent changer le monde

Crise sanitaire mondiale, réchauffement climatique, montée des fondamentalismes, déshumanisation des sociétés, aggravation des inégalités, lutte des minorités… notre monde est en crise. Mais comment les plasticiens réagissent-ils à ce contexte ? Portrait de vingt artistes qui veulent faire bouger les lignes.

Avec ZANELE MUHOLI, OLAFUR ELIASSON, HEATHER DEWEY-HAGBORG, JULIEN PRÉVIEUX, AI WEIWEI, JUSTINE EMARD, TREVOR PAGLEN, TAYSIR BATNIJI, SUZANNE HUSKY, PASCAL CONVERT, MOREHSHIN ALLAHYARI, KADER ATTIA, TOMÁS SARACENO, JULIAN CHARRIÈRE, PAOLO CIRIO, BOUCHRA KHALILI, LUCY + JORGE ORTA, SEUMBOY VRAINOM, KUBRA KHADEMI, JEREMY DELLER

EXTRAIT:

« JUSTINE EMARD [NÉE EN 1987]

À la critique des technologies, Justine Emard préfère l’émerveillement. Dans les progrès de la robotique et des intelligences artificielles, elle voit l’opportunité d’une rencontre. De Reborn (2016) à Soul Shift (2018), l’artiste met ainsi en scène Alter, un robot humanoïde japonais doté d’un réseau neuronal. Elle en saisit les gestes et les interactions avec humains et robots, dont le danseur Mirai Moriyama (Co(AI)xistence, 2017). Dans ses œuvres, la machine qui s’éveille au monde, apprend, tâtonne, s’étonne et suscite une empathie qui pourrait préluder à une coexistence féconde entre humains et non-humains. En 2020, au gré d’une résidence au ZKM (Karlsruhe), Justine Emard poussait un degré plus loin l’animisme technologique. Dans Supraorganism, elle modélise la façon dont communiquent les abeilles pour donner forme à une créature artificielle autonome qui s’éveille à la vie. Composée d’Inox et de cocons de verre, celle-ci tinte et s’allume lorsqu’un visiteur surgit grâce à un système de machine learning. Au 104, ce sont les éclairages à LED qui viennent répliquer à la nuit tombée le comportement des butineuses (Intraorganism, 2021). L’effet de présence y est alors d’autant plus troublant qu’il n’est plus lié à l’être humain par une quelconque ressemblance, sinon par de communes dispositions à la communication… »

Stéphanie Lemoine

Supraorganism, photo David Gallard

 

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